Il était une fois une petite fille,

Il était une fois une petite fille, qui ne se demandait pas ce qu’elle deviendrait car elle n’en avait rien à faire. Pourtant elle faisait, et dévidait sa vie sur un vieux rouet.

Petit à petit, en ne lâchant pas le monde de ses yeux verts.

Et petit petit était son monde.

Quoiqu’il prît le large assez facilement et sans crier gare par les champs et les bois, mais il suffisait de bien le tenir en lisière pour qu’il n’échappât pas complètement au regard.

Le monde avait la taille d’une cour d’école, d’une entrée de mairie et d’une rue en pente qui dévalait jusqu’à une fontaine…

Un monde plein de chemins, de sentiers et de bois et de ronces et de lilas aux branches de cerisiers, de masures dérisoires, de barrières qui s’affaissent, de murets où court peut-être encore du lierre, va savoir !

Et va savoir, maintenant qu’il a grandi, pourquoi elle s’est mise à écrire…

Les Roms... Lettre adressée le 29 août 2012 à Monsieur Hervé Féron et restée sans réponse.


Monsieur le Député,

C’est avec surprise aussi, mais une surprise consternée et douloureuse, que j’ai assisté, sympathisante depuis toujours du PS et « volontaire de F. Hollande », aux expulsions de Roms de ces dernières semaines, naturellement en plein mois d’août…

Rien pour moi, et pour beaucoup de ceux qui m’entourent, ne justifie ce qui se passe actuellement.

J’ai le triste sentiment d’une trahison…

Le gouvernement, qui n’a pas encore compris peut-être qu’il était au gouvernement, semble être plus dans la réaction que dans l’action. De peur de paraître laxiste à la droite, à laquelle il semble ainsi devoir  rendre des comptes, et aux électeurs du FN, envers qui il devrait faire preuve de pédagogie plus que de démagogie, il veut montrer une absurde « fermeté. ». Mais il oublie qu’il n’y a pas laxisme quand il y a justice et respect des droits de l’homme. Il n’y a que déshonneur quand on met sous le boisseau, pour des considérations électoralistes, ses convictions ! Et mauvais calcul. Aucune voix ne sera gagnée à droite mais beaucoup seront perdues à gauche.

Je ne considère pas estimable la popularité actuelle de M. Valls, qu’il partage avec F. Fillon et C. Lagarde ! Je ne considère pas que les sondages aient force de loi et qu’ils délivrent des brevets de bonne conduite.

Où est donc le courage de F. Mitterrand qui a honoré son premier septennat par l’abolition de la peine de mort malgré une opinion publique contraire et qui a eu l’intelligence ou le bon sens politique de le faire en début de mandat.

Que fait-on des valeurs de la gauche qu’il fallait lors des primaires affirmer qu’on les partageait ?

Le problème des Roms est complexe ? Certes, mais l’argument éculé de la complexité est toujours celui qui sert à justifier une politique inique, bien évidemment seulement compréhensible par les élites de la nation et… le pouvoir en place. Quel mépris pour le peuple dont je fais partie et qui n’a droit à aucune explication !

    Non ! Un démantèlement ordonné par la gauche n’est pas comparable à un démantèlement ordonné par la droite ! Il est pire ! Parce qu’inattendu, désespérant et inadmissible de sa part…

    Non ! Le rassemblement promis ne rime pas avec le démantèlement « sauvage » !

    Non ! La cohésion sociale ne passe pas par la discrimination !

Je ne suis pas une stupide et irréaliste et naïve « droits de l’hommiste ».

Je ne cherche pas à accueillir toute la misère du monde, mais je refuse de la chasser sans chercher à lui venir en aide… et en la stigmatisant !

Comment, Monsieur le député, regarder en face ceux que nous avions convaincus de voter pour la gauche, alors qu’ils croyaient fort peu en ses possibilités de faire mieux que la droite, en les assurant qu’avec elle, au moins, et c’était considérable, les efforts face à la crise seraient équitablement répartis et que la République se montrerait juste et humaine !!!

Une circulaire interministérielle vient d’être publiée ce matin, qui veut répondre au « double objectif de fermeté en matière de sécurité et d’humanité dans la prise en charge des personnes. » Va-t-elle vraiment se traduire dans les actes ?…

Je ne devrais pas en douter. Mais un certain mal a été fait, et hélas, en ce domaine seulement j’espère, la défiance a remplacé la confiance…

Je sympathise toujours avec le PS. Vers qui d’autre se tourner ? Mais mon indignation et ma réprobation sont telles que j’envisage, si la situation n’évolue pas, de poster cette lettre sur les réseaux sociaux.

Vous aviez dit, Monsieur le député, au cours des réunions auxquelles j’ai assisté, que vous souhaitiez rester proche de vos électeurs… Pour le moment, ma confiance en vous, dont j’ai soutenu la candidature, reste intacte. Vous saurez donc tenir compte de mes propos.

En vous en remerciant à l’avance, je vous prie de croire, Monsieur le Député, à l’expression de mes sentiments respectueux.

Lucette Boulanger